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Propos sur la pratique de la méditation

 

Le mot «méditer» ne doit pas être compris ici dans le sens de «réfléchir». Alors que faut-il entendre exactement par Méditation ? Sur quels principes ou constats repose-t’elle? Le mieux n’est-il pas de laisser la parole aux «connaisseurs» qui, croyants ou non, on le remarquera, malgré leurs différences se rejoignent sur bien des points concernant non seulement la technique mais aussi et surtout la découverte de certaines «modalités ou retombées» accompagnant l’expérience elle-même : humilité, ouverture aux autres,  «intervention extérieure» ou encore «indicible Rencontre…». En outre, toutes ces convergences soulignent un point également partagé par tous : le caractère UNIVERSEL de la Méditation :

 

Pierre Milcent - Carme :  « Au cœur de tout homme, il y a quelque chose, indéfinissable, qui est comme un appel, une attirance vers un «plus». L’homme qui prends le temps, la patience aussi, de scruter la partie la plus intime de lui-même, pressent un au-delà du sensible… Pour recevoir la lumière de l’Esprit, tout le monde doit accepter de démonter les rouages de l’égo, sournois et imbu de lui-même. Ce savoir-faire s’acquiert par un moyen universel: la Méditation ».

 

Thomas d’Ansembourg - Psychothérapeute :  «Si nous nous mettons à l’écoute de notre intériorité, nous allons pouvoir mener notre vie d’une façon qui non seulement nous rendra heureux personnellement (ce qui n’est déjà pas mal) mais qui nous permettra également de devenir un citoyen plus généreux de lui-même. Celui qui s’est débarrassé de ses complexes, de ses vieux scénarios, de ses projections, de ses résistances, de ses peurs, de ses doutes peut participer bien davantage à son élan créateur et contribuer au bien-être de la société.

 

André Comte-Sponville - Philosophe athé :  «… Jacques m’a ainsi initié à ce qui me semble la plus simple des techniques corporelles de méditation : s’asseoir en silence, rester immobile et attentif, respirer... C’est une aventure spirituelle très simple, très banale, très forte. Cette formule est l’une de celles qui m’ont le plus accompagné, ces dernières années. Cette “prière” ne demande rien, et ne se fait pas avec des mots. Ce n’est donc pas une prière : c’est une pure présence à la présence, ce que l’on peut vivre de plus haut en matière de spiritualité. Ce n’est pas la présence de quelqu’un, c’est la présence de tout : la présence du présent, le présent de la présence...».

 

Pr Jon Kabat-Zinn - Docteur en biologie moléculaire (Université du Massachusetts) :  «La méditation en pleine conscience a cette capacité riche et texturée d’influencer le déroulement de notre vie. Par conséquent, elle a également la capacité d’influencer le monde plus vaste dans lequel nous sommes profondément enracinés, y compris notre famille, notre travail, la société dans son ensemble, la manière dont nous nous considérons comme peuple (ce que j’appelle le corps politique) et le corps du monde (nous tous réunis sur cette planète)».

 

 Thomas Ryan - Prêtre catholique :  « La méditation permet de retrouver certaines lois de l’esprit, certaines vérités profondes que la philosophie pérenne (vision du monde endossée par la très grande majorité des maîtres spirituels, philosophes, théologiens et scientifiques les plus importants et qui apparaît à toutes les époques et dans presque toutes les cultures) a résumées comme suit: l’Esprit existe; l’Esprit se trouve à l’intérieur; la plupart d’entre nous n’en a pas conscience parce que nous vivons dans l’état de déchéance et d’illusion qu’entraîne le péché; il y a un moyen d’y échapper, un chemin de libération; si nous suivons ce chemin jusqu’au bout, il se produit une expérience directe de l’Esprit intérieur, une Libération suprême qui marque la fin du péché et de la souffrance et conduit à la miséricorde et à la compassion offertes à tous les humains. (…) C’est notre moi qui nous empêche de réaliser notre identité suprême, de développer ce qu’il y a en nous de plus profond ou de plus élevé qui transcende notre moi mortel par une participation directe au Divin ».

 

Taïzen Deshimaru - Maître Zen : « Lorsque nous abandonnons l’égo, nous connaissons nos racines originelles. Tel est le Satori, l’état de Bouddha. Cette vacuité sereine qu’apporte « Zazen » (méditation Zen) développe en outre une compassion universelle. Assis sans affaires, sans but ni esprit de profit, si votre posture, votre respiration et l’attitude de votre esprit sont en harmonie, vous comprenez le vrai Zen, vous saisissez la nature de Bouddha. Par la posture on peut guérir l’esprit et le corps ».

 

Karlfried Graf Durkheim - Psychothérapeute :  « L’assise que nous pratiquons ici, celle que les Japonais appelle Zazen et qui consiste à relier le ciel et la terre par la position juste, à faire cesser le tourbillon des pensées et des inquiétudes, à s’ouvrir, est extrêmement importante, c’est la base même de notre engagement, avec bien entendu une respiration correcte. Dans l’assise, il y a quelque chose qui vous cherche et vous devez vous laisser trouver. Il n’y a rien d’autre à faire… Ce qu’on appelle le Satori dans le Zen, c’est l’expérience de Être. Par dessus tout il faut se garder d’être pressé: l’expérience arrive quand elle veut et on ne peut rien faire pour la provoquer. Les exercices du Zen, le Zazen, prennent de plus en plus d’expansion. Le vide cherché à travers eux n’est pas un privilège de l’Orient. La seule différence est que leur finalité est, pour les Bouddhistes, la rencontre de l’Être essentiel (appelé Nature du Bouddha) et la fusion avec lui. Pour le Chrétien, par contre, c’est l’expérience de l’Être dont il doit aussi témoigner dans le monde, c’est à dire qu’il faut découvrir et libérer pour en faire son principe de vie, d’amour, de création. La fusion avec l’Être est alors une étape et non la fin du chemin ».

 

Jean-Yves Leloup -Prêtre orthodoxe :  « Demeures assis dans le silence et la solitude, incline la tête, ferme les yeux, respires plus doucement, regardes par l’imagination dans ton cœur, rassembles ton intelligence, c’est-à-dire ta pensée, de la tête dans ton cœur. Dis sur la respiration: « Seigneur Jésus-Christ ayez pitié de moi » à voix basse ou simplement en esprit. Efforces-toi de chasser toute pensée, sois patient et répètes souvent cet exercice ». On retrouve là les éléments essentiels de la méthode Hésychaste ».

 

Saint Grégoire le Sinaïte :  « Si tu pratiques comme il convient l’Hésychia dans l’attente de l’union à Dieu, ne laisses jamais un objet sensible ou intelligible, extérieur ou intérieur, fût-ce l’image du Christ, ou la forme prétendue d’un ange ou d’un saint, ou encore une lumière, s’inscrire ou se dessiner dans ton esprit ».

 

Auteur anonyme du 14ème siècle :  « Dans cette œuvre, il sert de peu ou même il ne sert de rien de penser à la bonté et à l’excellence de Dieu, ou à Notre-Dame, ou aux saints, ou aux anges, voire même aux joies du Paradis. Il est bien meilleur de fixer sa pensée sur son être simple et nu ».

 

Saint Silouane - Moine orthodoxe :  « Observes par ton esprit ce qui se passe dans ton âme. S’il s’y trouve un peu de grâce, tu connais la paix et tu éprouves de l’amour à l’égard de tous; s’il s’en trouve davantage, il y a dans l’âme une lumière et une grande joie; mais s’il s’en trouve encore, même le corps ressent la grâce du Saint Esprit. Le but de tout notre combat c’est de trouver l’humilité. Nos ennemis sont tombés par l’orgueil et ils nous attirent dans leur chute. Mais nous, frères, humilions-nous, et alors nous verrons la Gloire du Seigneur déjà ici sur terre, car aux humbles le Seigneur se fait connaître par le Saint Esprit.

 

Jean Gouillard - Prêtre catholique :   « On ne récuse pas un fait. La méthode hésychaste est un fait beaucoup plus universel qu’on ne l’avait soupçonné. D’une recette obscure consignée dans des textes introuvables elle devient le cadre d’une expérience religieuse attestée dans les aires confessionnelles les plus diverses et pour des époques plus que proches de nous, contemporaines. La méthode yogique du Japa est trop connue pour qu’il y ait lieu d’y insister. On se reportera aux excellentes analyses de Mircéa Eliade dans « Essai sur l’origine de la mystique indienne » où l’on retrouvera des rapprochements avec la méthode hésychaste. Plus saisissant encore le Dhikr des Musulmans très proche des méthodes hésychastes non seulement par son aspiration religieuse mais par tout son déroulement. Citons pour finir la pratique bouddhique du Nembutsu. Qu’elle admette ou non une technique respiratoire ou tout au moins rythmique - ce que nous ignorons - elle ressemble étrangement à la prière de Jésus telle qu’elle apparaît chez nos hésychastes. On peut épiloguer sur la qualité mystique respective des différentes expressions du phénomène. Il n’empêche qu’il s’agit toujours du même phénomène ».

 

Docteur Jacques Vigne et A. Kaplan - Ermite et écrivains  :  « Pour les auteurs mystiques juifs, le mot qui correspond le plus à la notion de méditation est « Hitbodedout ». Il peut avoir le sens de retraite et solitude physique, mais aussi de retour au plus profond de soi-même. Rabbi Haîm Vittal dit qu’ « il faut se retirer soit même de ses pensées jusqu’au degré ultime ». Une pratique fondamentale du Judaïsme, comme de nombreuses autres religions, est la récitation du nom de Dieu. Toutefois, il doit être tenu secret. Cordovero, éminent cabbaliste à la période de la renaissance en Espagne donne les conseils suivants: « Si quelque cabbaliste veut répéter le Tétragramme, il doit le faire les lèvres closes ». Chez les adeptes, cette méthode est appelée l’avalement du Nom Divin ».

 

Cheik Khaled Bentounès - Maître Soufi :  « Le seul chemin qui puisse sauver l’humanité, c’est celui-là, le Chemin de l’Expérience. Elle est universelle, parle toute les langues, prend tous les visages. Tout le reste, c’est une affaire de culture. Nous ne choisissons ni notre père, ni notre mère, ni notre religion. Mais tous les hommes, quelque soit leur religion, peuvent se rejoindre et se reconnaître dans l’Expérience qui est au-delà de toutes les contradictions. Tous peuvent trouver le Divin. Tous peuvent souscrire à cette phrase: « Si tu enlèves ton moi, tu trouveras Dieu ». Il arrive un moment où nous n’avons plus besoin de notre religion, ou plutôt nous n’avons plus besoin de notre tradition. Car la tradition, elle est unique depuis Adam jusqu’à aujourd’hui. Lorsque les hommes accèdent à un autre champ de conscience, ils se retrouvent tous, qu’ils soient Chrétiens, Juifs, Hindouistes, Bouddhistes ou Musulmans. C’est dans la multiplicité qu’ils se perdent. Au fond, c’est cela la verticalité, le cœur à cœur de tous les mystiques : Quand tu trouves l’Autre, l’Autre et toi ne font qu’un. L’Autre c’est toi et toi c’est l’Autre ».

 

Bernard Ugeux - Prêtre missionnaire catholique :  « La prière répétitive (Hésychasme, Dhikr, Japa, etc…) dépouille de l’envahissement de l’imagination ou des émotions. Elle permet de vivre humblement une présence. Présence à soi, présence au divin, présence au cosmos ou à son propre corps dans le mouvement des doigts ou la vibration des sons. Présence à un présent, intensité de l’instant accueilli comme un don. L’ensemble de la personne peut alors être convoqué pour la rencontre ou la communion. En bref, si nous pratiquons cette prière, souvenons-nous que toute prière authentique est inspirée par l’Esprit Saint (Jean-Paul II à Assise en 1986) et que  NOUS POUVONS  NOUS  UNIR AINSI AUX PRIANTS DES AUTRES TRADITIONS DU MONDE.

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